... Gallieni au Pont de Levallois, c'est la ligne 3, Raymond !
Pourquoi cette ligne-là ? Parce que c'est celle que je prenais tous les jours pour rentrer à Courbevoie lors de mon premier séjour à Paris.
C'était dans les années cinquante et il y avait déjà des flics armés de mitraillettes sur le quai de la station.
Quoi ?
Tu t'en fous, c'est de ma ligne de vie que tu voulais que je parle ?
Mais précise alors bon Dieu, Raymond !
T'es vraiment trop naïf, mon pauvre Raymond !
Parce que tu crois que les autres fois, c'était pour du bon ?
Je te donne n'importe lequel, Raymond ?
Alors, disons quarante-neuf, j'ai un faible pour les nombres impairs, surtout carrés.
Bien sûr, si tu étais en mode interrogatif, genre "Un : Carré parfait ?"
Là, je n'aurais qu'une seule réponse : Oui !
(ou tout aussi mal d'ailleurs) passer à autre chose, Raymond !
Mais voilà, on s'attache...
Même à des futilités !
Tu m'as fait peur, Raymond !
Je me disais déjà "Mais quelle mouche le pique ?"
J'avais lu "Inceste" !
Et ça continue, Raymond !
T'es pas clair !
Dans quoi ?
Tout ce qui me vient à l'esprit, comme ça, là tout de suite, c'est une image de Boule et Bill où un maçon enfonce la tronche du père dans un trottoir fraîchement bétonné en hurlant "Dedans, j'ai dit dedans !"
Mais je ne retrouve pas l'image...
À part ça, c'est vide, Raymond !
Le diabète, Raymond ?
J'suis à la limite :
Glycémie 101 mg/dl
Hémoglobine glyquée 5,5 %
Mais t'as de ces questions quand même !
Comme à un futur improbable, Raymond, faut vivre avec son âge... et son temps !
Tout, Raymond !
Tout craque, se fend, se fissure, se délite, s'effrite, s'effondre, s'éboule, s'écroule, s'abat, se disjoint, cède, se rompt, j'en passe et de meilleures, bref, c'est la lutte phase finale, l'apocalypse, la cataclysme, le néant,
La béatitude quoi !
Avant de trouver comment, faudrait déjà savoir que dire et à qui !
T'es vraiment le roi, que dis-je, l'empereur de la question ouverte, toi, Raymond,
Permets-moi de te le dire !
